Cuba: the bicycle diary (Clin d'oeil au Che)

Cuba


Faire du vélo à Cuba peu sembler une idée saugrenue.  Au contraire!  C'est un véritable paradis... pour les étrangers.  Les paysages sont magnifiques, les Cubains accueillants, il y a une une petite infrastructure de B & B privé et bien géré ( les Casa particulares), et des quelques routes bien entretenues et dénuées de véhicules motorisés. Le rêve quoi!
 

Les premiers kilomètres pour sortir de La Havane sont un peu moches, comme toute sortie de ville en vélo.  Mais il y a toujours un espace cyclable et à part les gaz d’échappement des célébricismes véhicules cubains, tout se passe bien. Après seulement quinze kilomètres, panique, j’ai une crevaison.  Nous n’avons que trois chambres à air, un pneu de rechange et un kit de 5 rustines.  Je vois la catastrophe, car il sera impossible de trouver une chambre à air à Cuba pour le type de vélo que nous avons, nous n’en avons pas encore vu un seul. Heureusement, cette crevaison sera la dernière.
Nous roulons et décidons d’arrêter à Playa Baracoa, un petit village qui s’étale tout au long de la côte.  Il y a une petite plage ou quelques Cubains profitent du soleil au son infernal des trois sonos des petits cafés qui nous entourent.  Le village est pauvre et quelques maisons portent encore les traces du dernier ouragan.  Nous sommes les seuls touristes.  Il y a  un petit restaurant chinois désert avec une jolie terrasse sur la mer.  Le souper est moyen et n’a rien de chinois.  On y sert en effet l’inévitable poulet.  La grande originalité : c’est le seul repas que nous paierons en monnaie nationale : 6. $ pour deux avec deux bières incluses.  Nous trouvons une petite casa ou se loger.   Elle est très propre avec tout le confort moderne. Malheureusement, il n’y a pas de vue et au moment de se mettre au lit la propriétaire part son air conditionné qui ronronne comme un Tupolev au décolage. On part le nôtre même s’il ne fait pas chaud.
Le lendemain nous partons au lever du jour et pouvons voir le village se mettre en action.  Les enfants se dirigent vers l’école dans une myriade de modes de transport : taxi, vélo, carriole tirée par un cheval ou encore à pied.  Nous croisons un vieux Cubain qui promène son cochon en laisse.  Nous avions décidé de ne pas prendre le petit déjeuner à la casa et plutôt rouler un peu et s’arrêter en chemin.  Erreur!
Petit déjeuner
Nous roulons sur l’autoroute de Mariel, une route à 4 voies déserte.  Il n’y a pas l’ombre d’un commerce, café ou restaurant avant d’atteindre la prochaine ville Mariel, industrielle, laide et misérable ou pas un touriste ne doit s’aventurer.  Pas moyen de prendre un café, même si le pays en est un grand producteur.  Tout est exporté.  Nous trouvons finalement un sandwich au jambon, en monnaie nationale, mais il faut aller dans un autre commerce pour trouver un jus, que l’on doit payer en Peso convertible.

Économie cubaine 101
Cuba est régi par un régime économique communiste.  C'est-à-dire que les lois de l’offre et de la demande y sont proscrites et que l’économie est planifiée au sommet.  Résultat : tout est en pénurie.  Pour rendre le tout plus acceptable, il y a un réseau économique en devise, c'est-à-dire en dollar déguisé.  Comme la monnaie nationale était sur le point de disparaître et que seul le dollar américain circulait, le régime a eu l’idée de créer le peso convertible qui est en fait un dollar américain.  Par contre, si vous achetez un peso convertible avec des dollars américains vous aurez à débourser une pénalité additionnelle de 10% qui s’ajoutera au 10% que l’on doit débourser pour toute opération de change.
Il y a donc deux types de magasin.  Le premier a l’air d’une boutique désuète ou l’on retrouve entre 50 et 100 produits principalement des breuvages, des boites de conserve, des biscuits et des produits de nettoyage et pour le corps.  Ce sont les boutiques ou l’on paie en peso convertible.  Le deuxième type de boutique tombe en ruine et affiche un maigre tableau indiquant les quelques produits disponibles : le coke national, une limonade, de la bière et des rhums de bas de gamme, parfois un sandwich douteux.  Au début du voyage, nous avons changé 10 dollars en monnaie nationale et à deux nous n’avons pas réussi à le dépenser!
La Montagne
Enfin, nous arrivons à la montagne.  Le paysage décevant jusqu’à maintenant devient magnifique.  De petites fermes  s’égrènent tout au long de la route.  On croise des poules, des chèvres, des vaches des cochons, des paysans à pied, à cheval ou sur un char tiré par des bœufs et de rarissimes voitures. À chaque intersection, une grappe de Cubains attend nonchalamment un transport.  On se demande un peu lequel.  Mais c’est bien pratique pour confirmer notre route, car la signalisation est déficiente.
Notre destination est Las terrazas un parc dans la montagne ou seuls les étrangers sont autorisés à dormir.  Nous dormirons dans une hutte sur le bord d’un ruisseau aux eaux médicinales.  Des bassins sont aménagés pour s’y tremper et un petit resto sert de délicieuses grillades.  Le paradis.
Le lendemain, une fine bruine vient retarde notre départ.  Ce sera la seule pluie du voyage.  Nous roulons dans une route assez escarpée, mais en parfaite condition.  On ne croise aucune voiture.  Le paradis qu’on disait… À la guérite de sortie du parc, deux agents tuent le temps et surprise, le chef parle un français impeccable. 
On redescend un petit village touristique, Soara, qui est aussi le nom du vin cubain (correct) et autre surprise, le seul restaurant ouvert de jour est situé sur une jolie terrasse sur le bord d’un ruisseau, est occupé presque en totalité par un groupe de musiciens Cubains qui nous interprètent leurs succès. Totalement inattendu.
Vinales
Le lendemain, nous roulons vers San Diego de Los Banos ou tout est décevant, surtout les bains. Le surlendemain, notre destination, Vinales est un village touristique situé dans une magnifique vallée bordée de montagnes aux formes uniques, les Mogotes et ou l’on fait la culture du prestigieux tabac cubain.  Nous logeons chez l’habitant qui est également paysan.  Nous y mangerons tous nos repas, car tout est produit maison et préparé royalement.  Pour 40.$ par jour pour deux nous logeons, déjeunons, soupons et buvons vin et apéro (le fils fait une école de tourisme et doit se pratiquer dans la confection de fameux cocktails cubains, c’est avec grande abnégation nous contribuons à son éducation).  Pour digérer : un bon gros cigare avec un verre de rhum.
Le lendemain, nous faisons un parcours vers une plage déserte à 70 kilomètres ou un taxi viendra nous ramener. Le parcours est agréable, paysage montagneux et vert, villages misérables.  Le point final est paradisiaque, une belle plage de sable fin et blanc sur une ile déserte ou seuls quelques touristes se délassent sous la supervision de quelques agents de sécurité et du tenancier du bar.  Dur, dur.
La vie cubaine
Derrière ce décor charmeur pour le touriste se cache une réalité qui apparaît plus ou moins rapidement selon sa curiosité : la vie de gens là-bas, comme ils le disent si bien, « es difficile ».  Très difficile.
Pour qui s’en donne la peine, découvrir la réalité qui vit le peuple cubain est un véritable choc.  Notre premier aperçu s’est fait assez rapidement.  En effet, juste à côté de notre résidence, il y a une boutique d’alimentation.  Tout ce qu’on y retrouve ce sont de minables sacs de riz et de fèves, quelques cigarettes dont personne ne veut. Deux affiches, une de Fidel et l’autre de Chavez décorent ce lieu sordide. Les tablettes sont vides.  Nous qui avons déjà connu les pays communistes de l’est européen n’avons jamais rien vu de tel.
Les salaires sont tragiquement bas.  Un médecin doit gagner autour de 35.$ par mois (oui trente-cinq pour un mois), un professeur une vingtaine et le revenu moyen autour d’une quinzaine.  Comme on ne peut ni se nourrir, ni se vêtir ni même se laver en monnaie nationale, la course au Peso convertible devient de la survie.  Tous peuvent y avoir accès, mais vu le niveau des salaires, les gens en contact avec les touristes ou  ceux recevant des sous directement de l’étranger ont une longueur d’avance.  Un pourboire de 1 $ représentant le salaire d’une journée.
Le vélo
Le fils de la logeuse vit une situation de privilégié grâce au peso convertible que gagne la famille.  Il collabore et on le paie.  Il économise pendant deux ans pour se payer un vélo de montagne à 135. $ une fortune, mais un vélo bas de gamme de mauvaise qualité avec une garantie de… 7 jours, monopole d’État oblige.  Après quelques semaines et des crevaisons à répétition, les chambres à air sont pourries.  Impossible de les réparer, impossible d’en acheter.  Je lui offre de leur en poster à mon retour : impossible, elles ne se rendront jamais.

Des photos

1 commentaire:

  1. Allo! Bon boulot! j'aurais aimé quelques photos afin de voir les routes que vous avez sillonnées à Cuba! Des bises...

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