Été 2014: Pays-Bas, Suède, Danemark, Allemagne

En août 2014, j'ai pédalé une partie des Pays-Bas, d'Amsterdam à Gronigen, le sud de la Suède et la piste de vélo entre Copenhague et Berlin, un régal. C'est évidement un des meilleurs endroits au monde pour faire du vélo car tout est bien emménagé. Pistes cyclables, circuits bien préparés, quoique pas toujours bien indiqués en ce qui concerne le Copenhague Berlin, mais aussi il y a la possibilité de sauter dans le train avec son vélo. Pratique, car le temps peut-être capricieux, et il l'a été!

Quelques liens

Le vélo en Hollande (Anglais) :  http://www.hollandcyclingroutes.com/
 
Le circuit vélo Berlin Copenhague: http://www.bike-berlin-copenhagen.com/route/three-stages

Le circuit en Suède:  https://www.bikemap.net/en/route/3072452-lund-trelleborg-lund/



Le triangle vélo

Amsterdam, Copenhague, Berlin 3 villes phares au niveau culturel, de la qualité de vie et du vélo urbain. Entre elles, un réseau de pistes cyclables. Beau programme pour mes vacances 2014. Ces pistes sont reliées en divers circuits de longue route et parmi eux: la route Berlin-Copenhague, 700 km principalement dans la nature en forêt en Allemagne, en bord de mer au Danemark.

L'arrivée est à Amsterdam, où j'ai la chance d'y avoir un vieil ami, Kees, rencontré dans la vingtaine lors d'un voyage à Schefferville. Le genre de parcours qu'on n'oublie pas et qui tisse des liens qui durent. Il habite maintenant à mi-chemin entre Haarlem et Amsterdam près d'une petite ville qui s'appelle justement Halfweg (mi-chemin en néerlandais). Son appartement est situé dans un polder et on y a une vue sur deux canaux où nagent paisiblement oies et canards.
Pour se rendre à Amsterdam, on a le choix de 2 pistes cyclables : une en bord de route et l'autre qui zigzague dans les espaces verts. C'est évidement celle que je choisi. Je n'y roule pas seul, une faune diversifiée y pédale nonchalamment. Rapidement, j'arrive en ville et me perd volontairement dans les rues de cette ville si spéciale. Il fait beau et il fait bon se prélasser sur les terrasses nombreuses dans de petites rues ou encore sur le bord d'un canal. La population bigarrée de cette ville, tantôt sérieuse, tantôt marginale, sage ou provocatrice fait plaisir à voir.

A l'aller, je n'y reste que 2 jours, mais au retour j'y passe une semaine. Vélo, marche, flanâge mais aussi les incontournables : le Rijksmuseum et ses Rembrandt et Vermeer et derrière, le Musée Van Gogh. On est chanceux et il fait un temps magnifique. Amsterdam est un grand terrain de jeux et je ne parle pas du Red Light et des coffeeshops célèbres dans le monde. Nous nous tenons principalement dans la partie un peu à l'ouest du centre où passent les trois canaux en demi-cercle. Des terrasses invitantes, de petites boutiques, des locaux joyeux. Un petit joyaux : le noordmarket, typique et à l'abris des touristes.

On en profite aussi pour voir la campagne autour, une petite randonnée en vélo sympa : se rendre à Marken, une ancienne ile devenue péninsule, puis prendre le bateau vers Édam, une petite ville coquette avec ses maisons de poupée et sa magnifique Grande église. Un beau 70km.

Polder 101

Le polder est une surface habitée et cultivée située sous le niveau de la mer. Donc complètement artificielle. Au départ, c'est une zone de marécage mi-eau, mi-terre envahie par les hautes marées. On l’a entouré de digues puis pompé l’eau. Une bonne partie de la population des Pays-Bas y vivent (d’où le nom du Pays !).


Voici mon plan de voyage. Dans un premier temps, aller vers le nord delà Hollande, la vraie, la province, puis traverser vers la Friesland via la digue Afsluitdijk puis prendre le train pour Rostock, en Allemagne, pour prendre le ferry vers la suède et traverser à Copenhague et faire le circuit de vélo Copenhague-Berlin. Finalement, le train de Berlin à Amsterdam.

Kees me suggère d'emprunter le réseau de circuits de longues randonnées vélo, en passant par la côte de la mer du nord et c'est ce que je fais. Mais comme le paysage est plutôt monotone, je suggère plutôt de passer par le côté ouest de la péninsule, par Édam. Dans le circuit que j’ai retenu, on roule longuement dans les dunes puis au pied de l'énorme digue qui protège le polder de la Mer du Nord. Dieu a créé la terre, mais les Hollandais on crée la Hollande, dit le diction.25% du pays est sous le niveau de la mer et je roule dans une région 100% artificielle. Plus on monte vers le nord, on arrive dans une région spécialisée dans la culture des fleurs, mais je suis hors saison. Faudra revenir en mai pour en voir toutes les couleurs.


Le premier soir, je dors chez une "Warmshower", une dame dans la cinquantaine nerveuse et active qui vit avec son mari retraité. Elle fait de la couture et sa salle à couture sert de chambre d'invités. Sympathique.

Le lendemain, elle m'accompagne sur la route et nous roulons sur ce qui était une ile avant tous les travaux d'irrigation. Belle campagne hollandaise avec ses maisons propres aux toits de chaume, ses églises austères, ses champs bien jardinés et ses vaches qui inspirent le calme. Mais ce calme est perturbé par des vents violents qui vont m'accompagner au cours des prochains jours et particulièrement pour l'étape qui s'en vient : la traversée de la grande digue Asluitdijk (essayez de prononcer !).

Apparemment, je n'y suis pas allé(!), il y a deux constructions humaines visibles de l’espace : la muraille de Chine et la digue Afsluitdijk. Elle a été construite dans les années 30 afin de fermer un grande baie, l'IJsselmeer, pour la convertir en lac, le Zuiderzee, et ainsi protéger une grande partie de la hollande des tempêtes et marées et permettant aussi la construction de nouveaux polders. Cette digue fait 32km de long. On peut y circuler sur une route en voiture, mais aussi, mœurs locales obligent, sur une piste cyclable, fietspad en néerlandais. Le vent puissant me pousse dans le dos et je roule à 40km/h en pédalant nonchalamment. Il y a un point d'observation et on peut y prendre une bouchée. Une petite exposition y est aménagée et on peut y voir l'évolution de la géographie du pays depuis l'époque des romains, vraiment fascinant.

Ces vents violents apportent la pluie, abondante et c'est assez bien trempé que je me réfugié au premier café croisé après la digue, un hôtel désert avec une hôte sympathique et charmante. En plus, il y a le wifi. J'y traine longuement en lisant LaPresse+.

Quand la pluie se calme, je repars. La piste cyclable passe sur le dessus de la digue. La mer agitée et les rafales de vent puissantes donnent un cachet particulier à la chose. On y croise malgré tout quelques marcheurs, pêcheurs ou cyclistes. J'arrive rapidement à Harlingen, une charmante petite ville avec son port et ses petites maisons typiques. Puis je roule au bas de la digue où paissent de nombreux troupeaux de moutons. Malgré le temps maussade, il y a des gens qui se baladent. Comme on dit, il faut faire avec, si on attend le soleil dans ce coin d'Europe, on risque de ne pas sortir souvent !

Je suis tout près de mon but, un deuxième Warmshower, qu'un nouvel orage se manifeste. Je trouve quelques arbres pour m'abriter un peu. Et quand ça se calme un peu je repars. Mais ça reprend et c'est bien trompé que j'arrive chez mon hôte.  Il est un animateur bénévole à la radio communautaire locale qui émet en néerlandais et en frison la langue du coin. Il vit de petits boulots et sa maison est modeste mais correct. Il m'offre de faire le tour de coin, en voiture bien au sec.

Le lendemain, il doit partir tôt et je fais de même. Je fais une erreur de navigation et je me retrouve à rouler sous un nouvel orage violent. Mais ce sera de courte durée, le train m'attend.

Une des révélations de ce voyage, c'est la facilité de transporter son vélo dans les trains. Que ce soit en Hollande, en Allemagne, en Suède ou encore au Danemark, on peut facilement mettre son vélo dans le train à peu de frais, sans quand il y en a, et pas besoin de l'emballer. En Allemagne, il faut toutefois réserver la place pour le vélo. Ceci ouvre plein d'opportunités de voyage en Europe.

De Rostock, on doit rouler une dizaine de km pour arriver au port. Je peux y voir mes premières indications pour le circuit Berin-Copenhague. Mais, pour l'aller je prendrai un raccourci, je vais passer par la suède. En effet, Copenhague est situé en face de Malmœ et maintenant ces deux villes sont reliées par un pont spectaculaire, dont l'architecte a été embauché pour le futur pont Champlain.

Suède

Après une nuit sur le bateau, c'est au petit matin que j'arrive à Trelleborg. La ville est endormie et je peine à y trouver un endroit pour prendre un café. Ce sera dans une Bakery, type de commerce que je fréquenterai généreusement par la suite. Les quelques clients déjeunent dans un silence spartiate. Bienvenue en Suède !

Un Warmshower, m'a suggéré un itinéraire de routes de campagne qui s'avère agréable malgré les indications parfois défaillantes. Je me perds et me retrouve de temps à autres. Le mauvais temps qui s'annonce ajoute un peu de stress au périple. La campagne est tranquille, très tranquille. Les maisons, les champs, les granges et autres constructions rurales respirent le calme et l'austérité. On baigne dans l'univers de Bergman!

J'ai rendez-vous à Lund, qui abrite une des plus vieilles universités au monde.  Une Warmshower m'attend. Elle habite une coopérative et élève seule ses deux enfants dont le père français navigue au loin. Au chômage depuis 4 ans, sa maison ne respire pas la richesse, mais on est loin de la misère. Un peu, beaucoup, granole, elle partage sa chambre avec ses enfants. Je dispose donc la chambre du fils. Sa fille souffre d'un mal quelconque et elle doit se rendre ´ l'urgence. J'en profite pour lire, faire le lavage et me reposer. Leur système de santé semble plus efficace que le nôtre car elle revient un peu plus tard avec un diagnostic et des antibiotiques qu'elle donne à reculons à sa fille.

Copenhague

Le lendemain je repars en train vers Copenhague, on ne peut traverser le pont en vélo. J'y ai rendez-vous avec Karen que j'ai connu en 1982 dans un stage de travail bénévole à Budapest. On s'est retrouve grâce à Facebook. Je ne l'avais pas revu depuis !

On se rencontre en ville et c'est une dame élégante et sympathique que je rencontre. Nous retournons chez elle en vélo, elle a un super vélo électrique pour franchir le 16km entre sa maison et le centre-ville. Malheureusement, nous nous heurtons et je n'arrive pas à me décliper et je prends une bonne fouille. J'ai le poignet endolori mais rien ne semble cassé.

Auparavant, j'ai pris plaisir à rouler dans cette belle ville où le vélo est roi. La ville est construite autour du port où il fait bon de flâner. On peut y admirer plusieurs édifices modernes qui mettent bien en valeur le design danois et s'harmonisent bien avec ceux qui ont de l'âge.

Karen habite une magnifique résidence en banlieue. La sobriété scandinave s'y marie avec le design moderne, des articles antiques et des œuvres d'art modernes de bon goût. Un bon souper bien arrosé nous attend.

Le lendemain, c'est en transport en commun que je me rends en ville. J'économise mon poignet douloureux. Au programme visite de la ville et musées. Tout d'abord, je profite de mon billet de transport en commun valide pour 2 heures et valide dans le service de navette fluviale pour parcourir le port d'un bout à l'autre avant d'aboutir au musée d'architecture. Modeste, il dispose d'une cafétéria avec une belle vue sur le port. On y expose sur le thème de la qualité de vie en ville. On aime. Je retourne à Christiania, une zone libre occupée par les marginaux depuis les années 70 et où j'ai fait un séjour plutôt agréable dans le temps. Mais. C'est devenu plutôt déprimant et un haut lieu de trafic de « ce que le monde veut et la loi ne veut pas » comme disait Desjardins.

Nous soupons en bord de mer, malgré le froid. Au menu : crevettes et saumon du Groenland. Faut pas oublier que les Danois sont nos voisins ! Le resto met à la disposition de la clientèle de chaudes couvertures bien rouges. On en profite.


Copenhague-Berlin : la section danoise

Le surlendemain, je triche un peu en étirant au maximum la validité de mon billet de transport urbain. Le circuit Copenhague-Berlin fait environ 700km de vélo, et je n'aurai pas le temps de le faire au complet. C'est très bien indiqué et comme partout, les routes sont tranquilles et si ce n'est pas le cas, une piste cyclable s'offre à nous. Bien entendu, tout est propre et le bitume en excellent état. On roule en bord de mer avec toujours un bon vent de côté. Comme en Suède, les maisons sont coquettes, austères et sans prétention.

A la fin de la journée, je dois franchir un pont assez long balaye par un vent de côté qui rend le tout un peu périlleux. Loin devant, un cycliste marche à côté de son vélo bien chargé. Je le croise et c'est un homme d'un âge respectable avec un habillement et des sacoches un peu déglinguées. Après avoir franchi le pont, un casse-croute se présente. Il est le bienvenu, j'ai un sérieux creux. En avalant ma crème glacée, le vieil homme arrive. Il est peu loquace, mais n'apprend qu'il arrive du cap nord, une promenade de 8,000km ! Malgré son allure de clochard, c'est apparemment un chirurgien slovène retraité. Comme quoi, les premières impressions peuvent être trompeuses. La petite ville qui était mon objectif, Stege, est charmante mais le seul hôtel demande plus de 150. $ la nuit pour pas grand-chose. Je décide de poursuivre et de dormir en camping sauvage. Je n'aurai pas trainé ma tente pour rien. À noter que le coût de la vie dans les pays scandinaves est élevé, en général presque le double qu’au Canada.

Le lendemain, je dois me rendre prendre un petit traversier, je suis sur une ile. Surprise, mon slovène y est. Le bateau est tout à fait charmant, tout en bois et le préposé bien amical. Je salue le slovène, je roule plus vite que lui, mais nous pensons nous revoir au traversier vers l'Allemagne et c'est ce qui se produit.

La portion allemande

Rostock est une ville de province qui a un certain charme. Nous nous installons à une auberge Jelly Fish, bien propre et nous allons manger du poisson au port. Le slovène paie la traite...

Le lendemain, je reprends la route, pas évidente ni à trouver ni à suivre et je me perds. Lorsque je retrouve la petite ville du parcours prévu, je retrouve également le slovène, parti deux heures avant moi! Lui aussi s'est égaré. J'offre café et viennoiseries et nous décidons de rouler ensemble pour minimiser les risques de se perdre. Le paysage est agréable et nous croisons régulièrement des cyclotouristes. Il semble que la tendance soit de faire le parcours à partir de Berlin et de le faire en vélo hybride avec les sacoches Gorlieb… grosse surprise. En fin de journée, nous trouvons un kiosque d'informations touristique et nous pouvons y acheter le guide du circuit (disponible en allemand seulement) grâce auquel nous devrions ne plus nous perdre. Un agréable camping sur le bord du lac se dresse et un petit resto s'y retrouve. L'affaire est ketchup.

Le lendemain, je roule seul. Le parcours est très boisé et la piste est en général impeccable. Un petit bout en gravier me fait crever, mais pour le reste c'est vraiment agréable. De temps en temps, on roule dans un véritable tunnel vert. Le soleil se montre enfin.

Le jour après, je roule une quarantaine de km et prend le train pour Berlin. J'ai bien envie d'y passer du temps en compagnie de mes amis.

Berlin

Berlin est l'une des villes les plus fascinantes du monde, mais pour qui comme moi, a eu l'occasion de la voir avant, c'est à dire au moment où le mur divisait la ville en deux, ça ajoute une dimension spéciale. On n'oublie jamais cette construction unique, barbare et dont les miradors, postes et chiens de garde ainsi que les patrouilles incessantes avaient des allures de camp de concentration en plein centre de la ville. La porte Brandebourg, symbole puissant de la ville entourée de grilles et gardé par des soldats soviétiques. Passer d'un vote à l'autre du mur avec le métro qui devait passer au pas de tortue, un rétrécissement en béton empêchant toute personne de s'accrocher aux wagons, puis traversait des stations fermées éclairées faiblement et patrouilles par des soldats accompagnés de chiens. Aboutir enfin à la station d'où l'on pouvait sortir à l'est ou encore acheter des cigarettes à bas prix ou encore le journal du parti communiste français l'Humanité.
Sortir, c'était se retrouver dans une ville figé dans le temps, triste et grise et dont les habitants étaient habillés en campagnard, lourd contraste avec l'ouest, ville complètement éclatée. Au pays des BMW et Mercedes, on y roulait en Trabant, une grosse tondeuse à gazon poussé par un moteur 2 temps toussotant des effluves étouffants. C'était vraiment impressionnant et voir aujourd’hui la porte brandebourg bien ouverte fait du bien.


Berlin est une ville étendue avec de grand et longs boulevards qui épuisent le piéton, mais pour le cycliste, c'est le bonheur. Un réseau cyclable et bien identifié quadrille la ville et la discipline allemande est bienvenue pour rouler l'âme en paix. Le musée juif est particulièrement intéressant. Le génie de L'architecte, Libeskin,  à été reconnu, c'est lui qui a été choisi pour concevoir ce qui est probablement l'un des plus grand défi de ce début de XXI sciecle: remplacer le world trade center à new-York.

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