Quelques liens
Le vélo en Hollande (Anglais) : http://www.hollandcyclingroutes.com/
Le circuit vélo Berlin Copenhague: http://www.bike-berlin-copenhagen.com/route/three-stages
Le circuit en Suède: https://www.bikemap.net/en/route/3072452-lund-trelleborg-lund/
Le triangle vélo
Amsterdam, Copenhague, Berlin 3 villes phares au niveau
culturel, de la qualité de vie et du vélo urbain. Entre elles, un réseau de
pistes cyclables. Beau programme pour mes vacances 2014. Ces pistes sont reliées
en divers circuits de longue route et parmi eux: la route Berlin-Copenhague,
700 km principalement dans la nature en forêt en Allemagne, en bord de mer au
Danemark.
L'arrivée est à Amsterdam, où j'ai la chance d'y avoir un vieil
ami, Kees, rencontré dans la vingtaine lors d'un voyage à Schefferville. Le
genre de parcours qu'on n'oublie pas et qui tisse des liens qui durent. Il
habite maintenant à mi-chemin entre Haarlem et Amsterdam près d'une petite
ville qui s'appelle justement Halfweg (mi-chemin en néerlandais). Son appartement
est situé dans un polder et on y a une vue sur deux canaux où nagent
paisiblement oies et canards.
Pour se rendre à Amsterdam, on a le choix de 2 pistes cyclables
: une en bord de route et l'autre qui zigzague dans les espaces verts. C'est
évidement celle que je choisi. Je n'y roule pas seul, une faune diversifiée y pédale
nonchalamment. Rapidement, j'arrive en ville et me perd volontairement dans les
rues de cette ville si spéciale. Il fait beau et il fait bon se prélasser sur
les terrasses nombreuses dans de petites rues ou encore sur le bord d'un canal.
La population bigarrée de cette ville, tantôt sérieuse, tantôt marginale, sage
ou provocatrice fait plaisir à voir.
A l'aller, je n'y reste que 2 jours, mais au retour j'y passe une
semaine. Vélo, marche, flanâge mais aussi les incontournables : le Rijksmuseum
et ses Rembrandt et Vermeer et derrière, le Musée Van Gogh. On est chanceux et
il fait un temps magnifique. Amsterdam est un grand terrain de jeux et je ne
parle pas du Red Light et des coffeeshops célèbres dans le monde. Nous nous
tenons principalement dans la partie un peu à l'ouest du centre où passent les
trois canaux en demi-cercle. Des terrasses invitantes, de petites boutiques,
des locaux joyeux. Un petit joyaux : le noordmarket, typique et à l'abris des
touristes.
On en profite aussi pour voir la campagne autour, une petite
randonnée en vélo sympa : se rendre à Marken, une ancienne ile devenue
péninsule, puis prendre le bateau vers Édam, une petite ville coquette avec ses
maisons de poupée et sa magnifique Grande église. Un beau 70km.
Polder 101
Le polder est une surface habitée et cultivée située sous le
niveau de la mer. Donc complètement artificielle. Au départ, c'est une zone de
marécage mi-eau, mi-terre envahie par les hautes marées. On l’a entouré de
digues puis pompé l’eau. Une bonne partie de la population des Pays-Bas y
vivent (d’où le nom du Pays !).
Voici mon plan de voyage. Dans un premier temps, aller vers le
nord delà Hollande, la vraie, la province, puis traverser vers la Friesland via
la digue Afsluitdijk puis prendre le train pour Rostock, en Allemagne, pour
prendre le ferry vers la suède et traverser à Copenhague et faire le circuit de
vélo Copenhague-Berlin. Finalement, le train de Berlin à Amsterdam.
Kees me suggère d'emprunter le réseau de circuits de longues
randonnées vélo, en passant par la côte de la mer du nord et c'est ce que je
fais. Mais comme le paysage est plutôt monotone, je suggère plutôt de passer
par le côté ouest de la péninsule, par Édam. Dans le circuit que j’ai retenu, on
roule longuement dans les dunes puis au pied de l'énorme digue qui protège le
polder de la Mer du Nord. Dieu a créé la terre, mais les Hollandais on crée la
Hollande, dit le diction.25% du pays est sous le niveau de la mer et je roule
dans une région 100% artificielle. Plus on monte vers le nord, on arrive dans
une région spécialisée dans la culture des fleurs, mais je suis hors saison.
Faudra revenir en mai pour en voir toutes les couleurs.
Le premier soir, je dors chez une "Warmshower", une
dame dans la cinquantaine nerveuse et active qui vit avec son mari retraité.
Elle fait de la couture et sa salle à couture sert de chambre d'invités.
Sympathique.
Le lendemain, elle m'accompagne sur la route et nous roulons sur
ce qui était une ile avant tous les travaux d'irrigation. Belle campagne
hollandaise avec ses maisons propres aux toits de chaume, ses églises austères,
ses champs bien jardinés et ses vaches qui inspirent le calme. Mais ce calme
est perturbé par des vents violents qui vont m'accompagner au cours des
prochains jours et particulièrement pour l'étape qui s'en vient : la traversée
de la grande digue Asluitdijk (essayez de prononcer !).
Apparemment, je n'y suis pas allé(!), il y a deux constructions
humaines visibles de l’espace : la muraille de Chine et la digue Afsluitdijk.
Elle a été construite dans les années 30 afin de fermer un grande baie, l'IJsselmeer,
pour la convertir en lac, le Zuiderzee, et ainsi protéger une grande partie de
la hollande des tempêtes et marées et permettant aussi la construction de
nouveaux polders. Cette digue fait 32km de long. On peut y circuler sur une
route en voiture, mais aussi, mœurs locales obligent, sur une piste cyclable,
fietspad en néerlandais. Le vent puissant me pousse dans le dos et je roule à
40km/h en pédalant nonchalamment. Il y a un point d'observation et on peut y
prendre une bouchée. Une petite exposition y est aménagée et on peut y voir
l'évolution de la géographie du pays depuis l'époque des romains, vraiment
fascinant.
Ces vents violents apportent la pluie, abondante et c'est assez
bien trempé que je me réfugié au premier café croisé après la digue, un hôtel
désert avec une hôte sympathique et charmante. En plus, il y a le wifi. J'y
traine longuement en lisant LaPresse+.
Quand la pluie se calme, je repars. La piste cyclable passe sur
le dessus de la digue. La mer agitée et les rafales de vent puissantes donnent
un cachet particulier à la chose. On y croise malgré tout quelques marcheurs,
pêcheurs ou cyclistes. J'arrive rapidement à Harlingen, une charmante petite
ville avec son port et ses petites maisons typiques. Puis je roule au bas de la
digue où paissent de nombreux troupeaux de moutons. Malgré le temps maussade,
il y a des gens qui se baladent. Comme on dit, il faut faire avec, si on attend
le soleil dans ce coin d'Europe, on risque de ne pas sortir souvent !
Je suis tout près de mon but, un deuxième Warmshower, qu'un
nouvel orage se manifeste. Je trouve quelques arbres pour m'abriter un peu. Et
quand ça se calme un peu je repars. Mais ça reprend et c'est bien trompé que
j'arrive chez mon hôte. Il est un
animateur bénévole à la radio communautaire locale qui émet en néerlandais et
en frison la langue du coin. Il vit de petits boulots et sa maison est modeste
mais correct. Il m'offre de faire le tour de coin, en voiture bien au sec.
Le lendemain, il doit partir tôt et je fais de même. Je fais une
erreur de navigation et je me retrouve à rouler sous un nouvel orage violent.
Mais ce sera de courte durée, le train m'attend.
Une des révélations de ce voyage, c'est la facilité de
transporter son vélo dans les trains. Que ce soit en Hollande, en Allemagne, en
Suède ou encore au Danemark, on peut facilement mettre son vélo dans le train à
peu de frais, sans quand il y en a, et pas besoin de l'emballer. En Allemagne,
il faut toutefois réserver la place pour le vélo. Ceci ouvre plein d'opportunités
de voyage en Europe.
De Rostock, on doit rouler une dizaine de km pour arriver au
port. Je peux y voir mes premières indications pour le circuit
Berin-Copenhague. Mais, pour l'aller je prendrai un raccourci, je vais passer
par la suède. En effet, Copenhague est situé en face de Malmœ et maintenant ces
deux villes sont reliées par un pont spectaculaire, dont l'architecte a été embauché
pour le futur pont Champlain.
Suède
Après une nuit sur le bateau, c'est au petit matin que j'arrive
à Trelleborg. La ville est endormie et je peine à y trouver un endroit pour
prendre un café. Ce sera dans une Bakery, type de commerce que je fréquenterai
généreusement par la suite. Les quelques clients déjeunent dans un silence
spartiate. Bienvenue en Suède !
Un Warmshower, m'a suggéré un itinéraire de routes de campagne
qui s'avère agréable malgré les indications parfois défaillantes. Je me perds
et me retrouve de temps à autres. Le mauvais temps qui s'annonce ajoute un peu
de stress au périple. La campagne est tranquille, très tranquille. Les maisons,
les champs, les granges et autres constructions rurales respirent le calme et
l'austérité. On baigne dans l'univers de Bergman!
J'ai rendez-vous à Lund, qui abrite une des plus vieilles
universités au monde. Une Warmshower m'attend.
Elle habite une coopérative et élève seule ses deux enfants dont le père
français navigue au loin. Au chômage depuis 4 ans, sa maison ne respire pas la
richesse, mais on est loin de la misère. Un peu, beaucoup, granole, elle
partage sa chambre avec ses enfants. Je dispose donc la chambre du fils. Sa
fille souffre d'un mal quelconque et elle doit se rendre ´ l'urgence. J'en
profite pour lire, faire le lavage et me reposer. Leur système de santé semble
plus efficace que le nôtre car elle revient un peu plus tard avec un diagnostic
et des antibiotiques qu'elle donne à reculons à sa fille.
Copenhague
Le lendemain je repars en train vers Copenhague, on ne peut
traverser le pont en vélo. J'y ai rendez-vous avec Karen que j'ai connu en 1982
dans un stage de travail bénévole à Budapest. On s'est retrouve grâce à
Facebook. Je ne l'avais pas revu depuis !
On se rencontre en ville et c'est une dame élégante et
sympathique que je rencontre. Nous retournons chez elle en vélo, elle a un
super vélo électrique pour franchir le 16km entre sa maison et le centre-ville.
Malheureusement, nous nous heurtons et je n'arrive pas à me décliper et je
prends une bonne fouille. J'ai le poignet endolori mais rien ne semble cassé.
Auparavant, j'ai pris plaisir à rouler dans cette belle ville où
le vélo est roi. La ville est construite autour du port où il fait bon de
flâner. On peut y admirer plusieurs édifices modernes qui mettent bien en
valeur le design danois et s'harmonisent bien avec ceux qui ont de l'âge.
Karen habite une magnifique résidence en banlieue. La sobriété
scandinave s'y marie avec le design moderne, des articles antiques et des
œuvres d'art modernes de bon goût. Un bon souper bien arrosé nous attend.
Le lendemain, c'est en transport en commun que je me rends en
ville. J'économise mon poignet douloureux. Au programme visite de la ville et
musées. Tout d'abord, je profite de mon billet de transport en commun valide
pour 2 heures et valide dans le service de navette fluviale pour parcourir le
port d'un bout à l'autre avant d'aboutir au musée d'architecture. Modeste, il
dispose d'une cafétéria avec une belle vue sur le port. On y expose sur le
thème de la qualité de vie en ville. On aime. Je retourne à Christiania, une
zone libre occupée par les marginaux depuis les années 70 et où j'ai fait un
séjour plutôt agréable dans le temps. Mais. C'est devenu plutôt déprimant et un
haut lieu de trafic de « ce que le monde veut et la loi ne veut pas »
comme disait Desjardins.
Nous soupons en bord de mer, malgré le froid. Au menu :
crevettes et saumon du Groenland. Faut pas oublier que les Danois sont nos voisins
! Le resto met à la disposition de la clientèle de chaudes couvertures bien
rouges. On en profite.
Copenhague-Berlin : la section danoise
Le surlendemain, je triche un peu en étirant au maximum la
validité de mon billet de transport urbain. Le circuit Copenhague-Berlin fait
environ 700km de vélo, et je n'aurai pas le temps de le faire au complet. C'est
très bien indiqué et comme partout, les routes sont tranquilles et si ce n'est
pas le cas, une piste cyclable s'offre à nous. Bien entendu, tout est propre et
le bitume en excellent état. On roule en bord de mer avec toujours un bon vent
de côté. Comme en Suède, les maisons sont coquettes, austères et sans
prétention.
A la fin de la journée, je dois franchir un pont assez long
balaye par un vent de côté qui rend le tout un peu périlleux. Loin devant, un
cycliste marche à côté de son vélo bien chargé. Je le croise et c'est un homme
d'un âge respectable avec un habillement et des sacoches un peu déglinguées.
Après avoir franchi le pont, un casse-croute se présente. Il est le bienvenu,
j'ai un sérieux creux. En avalant ma crème glacée, le vieil homme arrive. Il
est peu loquace, mais n'apprend qu'il arrive du cap nord, une promenade de
8,000km ! Malgré son allure de clochard, c'est apparemment un chirurgien
slovène retraité. Comme quoi, les premières impressions peuvent être
trompeuses. La petite ville qui était mon objectif, Stege, est charmante mais
le seul hôtel demande plus de 150. $ la nuit pour pas grand-chose. Je décide de
poursuivre et de dormir en camping sauvage. Je n'aurai pas trainé ma tente pour
rien. À noter que le coût de la vie dans les pays scandinaves est élevé, en
général presque le double qu’au Canada.
Le lendemain, je dois me rendre prendre un petit traversier, je
suis sur une ile. Surprise, mon slovène y est. Le bateau est tout à fait
charmant, tout en bois et le préposé bien amical. Je salue le slovène, je roule
plus vite que lui, mais nous pensons nous revoir au traversier vers l'Allemagne
et c'est ce qui se produit.
La portion allemande
Rostock est une ville de province qui a un certain charme. Nous
nous installons à une auberge Jelly Fish, bien propre et nous allons manger du
poisson au port. Le slovène paie la traite...
Le lendemain, je reprends la route, pas évidente ni à trouver ni
à suivre et je me perds. Lorsque je retrouve la petite ville du parcours prévu,
je retrouve également le slovène, parti deux heures avant moi! Lui aussi s'est
égaré. J'offre café et viennoiseries et nous décidons de rouler ensemble pour
minimiser les risques de se perdre. Le paysage est agréable et nous croisons
régulièrement des cyclotouristes. Il semble que la tendance soit de faire le
parcours à partir de Berlin et de le faire en vélo hybride avec les sacoches
Gorlieb… grosse surprise. En fin de journée, nous trouvons un kiosque d'informations
touristique et nous pouvons y acheter le guide du circuit (disponible en
allemand seulement) grâce auquel nous devrions ne plus nous perdre. Un agréable
camping sur le bord du lac se dresse et un petit resto s'y retrouve. L'affaire
est ketchup.
Le lendemain, je roule seul. Le parcours est très boisé et la
piste est en général impeccable. Un petit bout en gravier me fait crever, mais
pour le reste c'est vraiment agréable. De temps en temps, on roule dans un
véritable tunnel vert. Le soleil se montre enfin.
Le jour après, je roule une quarantaine de km et prend le train
pour Berlin. J'ai bien envie d'y passer du temps en compagnie de mes amis.
Berlin
Berlin est l'une des villes les plus fascinantes du monde, mais
pour qui comme moi, a eu l'occasion de la voir avant, c'est à dire au moment où
le mur divisait la ville en deux, ça ajoute une dimension spéciale. On n'oublie
jamais cette construction unique, barbare et dont les miradors, postes et
chiens de garde ainsi que les patrouilles incessantes avaient des allures de
camp de concentration en plein centre de la ville. La porte Brandebourg,
symbole puissant de la ville entourée de grilles et gardé par des soldats
soviétiques. Passer d'un vote à l'autre du mur avec le métro qui devait passer
au pas de tortue, un rétrécissement en béton empêchant toute personne de
s'accrocher aux wagons, puis traversait des stations fermées éclairées
faiblement et patrouilles par des soldats accompagnés de chiens. Aboutir enfin
à la station d'où l'on pouvait sortir à l'est ou encore acheter des cigarettes
à bas prix ou encore le journal du parti communiste français l'Humanité.
Sortir, c'était se retrouver dans une ville figé dans le temps,
triste et grise et dont les habitants étaient habillés en campagnard, lourd
contraste avec l'ouest, ville complètement éclatée. Au pays des BMW et
Mercedes, on y roulait en Trabant, une grosse tondeuse à gazon poussé par un
moteur 2 temps toussotant des effluves étouffants. C'était vraiment
impressionnant et voir aujourd’hui la porte brandebourg bien ouverte fait du
bien.
Berlin est une ville étendue avec de grand et longs boulevards
qui épuisent le piéton, mais pour le cycliste, c'est le bonheur. Un réseau
cyclable et bien identifié quadrille la ville et la discipline allemande est
bienvenue pour rouler l'âme en paix. Le musée juif est particulièrement
intéressant. Le génie de L'architecte, Libeskin, à été reconnu, c'est lui qui a été choisi
pour concevoir ce qui est probablement l'un des plus grand défi de ce début de
XXI sciecle: remplacer le world trade center à new-York.
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